Même
après 80 ans, je n’oublierai jamais cette journée.
C’était
pendant les vacances, ma mère m’a amené dans notre village natal, où vivaient
ses parents.
j’ai
raconté ailleurs la vie de ce vieux village.
Aujourd’hui,
je vais vous raconter, en détail, cette journée.
Mon
grand-père avait 8 vaches qui lui appartenait et qui vivaient dans le maquis,
en liberté, comme d’autres, chacun respectait le bien d’autrui, car elles
étaient nombreuses et pour les reconnaître, chacune avait un grelot avec un
bruit particulier et rien d’autre comme repaire.
Pour
arriver auprès d’elles, il fallait descendre au bord de la rivière par un
sentier dans le maquis.
Ma
grand-mère avait préparé, dans une musette, le repas de midi, car il fallait la
journée pour trouver les huit vaches.
Mon
grand-père m’a installé sur la celle de la mule et lui passait devant, avec sa
serpette, car il fallait couper quelques branches qui gênaient le passage du
sentier.
Arrivés
dans la zone où en principe se trouvaient les vaches, mon grand-père appela
avec un cri particulier et attendait, en retour le bruit des grelots, qu’il
connaissait bien, pour chacune d’entre-elle.
Alors
à ma grande surprise, je voyais arriver les vaches, qui venaient près de mon
grand-père, qui leur coupait des branches de châtaigner, dont elles
raffolaient.
Il
me dit(en langue corse que je comprenais) qu’il en manquait une et me
dit : pour le moment, nous allons manger.
Il
est parti, avec sa serpette, couper des branches mortes, pour allumer un feu.
Entre
quatre pierres, il prépara le feu, avec de l’herbe sèche et il sorti de la
musette : de belles tranches de pain que faisait ma grand-mère il enfilait
les saucisses dans une petite branche et les faisait rôtir, en récupérant le
jus entre deux tranches, cette odeur est encore dans ma mémoire.
J’ai
oublié de vous dire que nous nous étions arrêtés au près d’une source, comme il
y en a beaucoup dans le maquis.
Il
ramassa les restes du repas, dans la musette et me dit qu’il fallait qu’il
reste, car il manquait une vache.
Il
m’installa sur le mulet, en me disant : tu vas rentrer seul,
le
mulet connait le chemin, tiens-toi bien.
Imaginez,
un enfant de 10 ans, dans le maquis, comment oublier…
Ma
grand-mère me voyant arrivé seul a compris pourquoi et m’a aidé à descendre du
dos de la mule.
Mon
grand-père est arrivé tard, il faisait nuit.
Il
a raconté qu’il avait trouvé la dernière
vache et tout allait bien.
Dans
la soirée a la lumière de la lampe à pétrole, mon grand-père fredonnait une
petite chanson. Ma grand-mère m’a dit : quand il chante, c’est qu’il est
fatigué de sa journée.
Je
ne vais pas mettre de photos, je vous laisse imaginer le bonheur d’un petit
garçon de 10 ans, d’avoir vécu une telle journée.
Cela
s’est passé en 1936……..
Paul
Sialelli.
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